Text.Duchesne.1576-01.Poems/Text

From Theatrum Paracelsicum

[sig. A1v] Avthor ad svos libellos.

Si vos fortè videns caperata fronte, libelli,
Si quis vos carpat, non meliora ferens:
Hæc vos ne moueant, odiis patet ille bonorum,
Virtutis comitem prodit & iuuidiam.

Virtutis Comes Inuidia.


[sig. A5r] Ode de l’avthevr tovchant les miseres de la France

A Messire Iaq[ves] de La Fin, Cheualier de l’ordre du Roy, & Gentil-himme de la Chambre de sa Majesté, Seigneur de la fin la Nocle, Pluuiers, &c.

O Cent & cent fois detestable,
Cent & cent fois plus miserable,
Cent fois plus confite en douleur
De l’homme la race chetiue,
Qui foisonne en plus de malheur,
Que toute autre chose qui viue.
O cent fois encor’ malheureuse
Ceste poure masse fangeuse,
Qui auance ores son trespas
Gehennant en la guerre sa vie:
Et pour mourir ne comprend pas,
Qu’il ne faut qu’vne maladie.
De iour en iour la Parque dure
Trame nostre fil, qui peu dure:
Maugré nous & cillant nos yeux,
Mesine auant le temps nous menace,
Que dans le lac obliuieux
Elle abbaissera nostre audace.
Toutefois or’ on voit la terre
Ne couuer rien plus qu’vne guerre
[sig. A5v] Auec cent mille horribles morts:
Et autant de dures batailles,
Qui sortent aiourd’huy de hors
Du creux de nos propres entrailles.
On voit desia la troupe noire,
Qui fait dedans la Meuse boire
Ses cheuaux, & mille soldarts
Auec la picque & la cuirasse
Et l’harquebus de toutes parts
Faire trembler la populace.
Tout ce grand orage s’assemble
Contre la France, qui en tremble,
Et qui s’est cherché ce malheur,
Permettant à toutes ses villes
De couuer à tort la rancueur
De toutes les guerres ciuiles.
Elle est desia toute estonnée
Veoir marcher la foudre entonnée,
Dedans l’homicide metal,
Qu’vn Moyne ennemy de nos vies
Fondit au brasier infernal,
Aydé de toutes les furies.
Desia les murailles chanchellent,
Les cieux & l’air en estincellent.
Et on voit ouurir les tombeaux,
Pour clorre mille testes mortes,
Que desia ces foudres nouueaux
Menacent en cent mille sortes.
Voila, mon de La Fin, en somme
Le miserable estat de l’homme.
Et voila comme le Francoys
[sig. A6r] Sa mort soy mesme se machine,
S’armant soy mesme d’vn harnois,
Duquel soy mesme il se ruine.
Le lion beste si tres fiere
N’abat luy mesme sataniere,
L’ours ne se paist pas de la chair
De l’ourse, encor’ qu’elle soit morte,
Et ne vient sa griffe approcher
Contre les bestes de sa sorte:
Mais nostre France plus cruelle
Ores soy-mesme se bourrelle,
Et s’ouure l’vn & l’autre flanc,
Afin de se venir repaistre,
Et se baigner dedans le sang
De ceux mesme, qu’elle a fait naistre.
O poure France! quelle gloire
As tu d’vne telle victoire?
N’acquerrois tu pas plus d’honneur,
Si de guerroyer tu bouillonnes,
Monstrer la force de ton cœur
Contre tant d’estranges couronnes?
Ne vois tu pas bien, qu’elles dressent
Leur gloire des maux qui t’abbaissant?
Va doncques de tes ennemis
O France, d’vne ame eschauffée,
Triumpher dedans les pays.
Et fais y marcher ton armée.
Autrefois estant toute vnie
Tu as fait trembler l’Italie,
Et fait sonner ton tabourin:
Et dans l’Espaigne & dans la Flandre,
[sig. A6v] Et dessus les riues du Rhin
Tu l’as fait encore entendre.
France va plus auant encore,
France va butiner le More,
Et semer ton lis blanchissant
Dedans le milieu de la Grece,
Et monstre qu’il n’y a croissant
Que ta force & vertu n’abbaisse.
Pour vne si saincte querelle
Tu rendras ta gloire immortelle,
Et rapporteras sur ton fron
Toutes les victoires grauées,
Que tes braues enfans auront
Tant heureusement acheuées.
Non, non, il ne faut pas qu’ils craignent,
Soit que les fleches les attaignent,
Ou bien que par vn coup donné
Leurs os & leur chair soit meurtrie,
De quelque plomb empoisonné,
Qu’ils perdent le los ny la vie.
En si beau lieu son sang respandre
N’est rien plus qu’immortel se rendre.
Et quand la mort les assandroit,
Par quelque playe fort extréme,
Ie leur appren comme il faudroit
Bien tost se guairir de soy-mesme.
Mais au contraire, poure France,
Le coup que ta propre main lance
Contre toy-mesme, est si mortel,
Que rien n’y seruira mon liure:
Ains, faut qu’vn Alcide immortel
[sig. A7r] D’vn si grans meschef te deliure.
Alcide tira Pyrithée
Hors des enfers & son Thesée,
Maugré le portier infernal:
Et contraignit remettre en vie
Jadis contre le sort fatal
A Pluton la morte Euriuie.
Encor’ ce mesme fils d’Alcmene
Deliura & mit hors de peine,
Tant estoit grande sa valeur,
Jadis Hesione de Troye,
Liée contre vn rochier dur
Pour estre d’vne Ourque la proye:
Ainsi toy, qui es oppressée
Et pour la proye delaissée
D’vn monstre hydeux par tant de foys
D’vne guerre ciuile, ô France,
Voicy cest Hercvle Francois,
Qui vient chercher ta deliurance.
Cest celuy qui de toy dechasse
Tout horreur auecques sa masse
Bien loing, & de son puissant bras
Te soustient estant esbranlée,
Ainsi qu’Hercule & qu’vn Athlas
Soustenoit la voulte estoilée.
Chante donc la gloire immortelle,
O France, auec ma chanterell
De ce grand Hercule Françoys,
De ce Françoys l’honneur des Princes,
De cest Hercule des Valoys
Cherchant la paix de tes prouinces.
[sig. A7v] Et toy, mon La Fin, qui l’honores,
Et sur tous Princes le decores,
Ayde moy chanter ses vertus
Auec ta langue si faconde.
Ie sçay bien aussi que tu veux,
Qu’on le louë par tout le monde.

Et florida pvngvnt.


[sig. A7v] Av Seignevr de Morencé & de Lyserable hvictain.

Tu as auec tes doctes vers,
O mon Du Chesne qui i’honore,
Publié par tout ö’vniuers
Les grandes beautez de ta Flore.
Ce tien labeur plus porffitable,
Et tes diuers escrits feront
Que plusieurs gens t’estimeront,
En plusieurs choses admirable.

I. D. L.


[sig. A8r] Sonnet av Seignevr de Morencé et de Lyserable, Medecin, & Philosophe excellent.

Le Moine soit maudit, qui eut ceste industrie
De percer vn canon pour sçauoir quels efforts
La salpetre feroit, en vomissant dehors
Vn boulet tout en feu poussé de grand’ furie.
Car cent mille depuis ont accourci leur vie,
Lors que sur vne breche & courageux & forts,
Ils chassoyent l’ennemy en prodiguant leurs corps
Aux boulets qui pleuuoyent aussi menu que pluye.
Du Chesne soit benit, quand voyant les blessez
En grand nombre, auec cris, pour estre mal pansez,
Perdre, quelle pitié! du beau iour la lumiere
Nous donne le moyen, par lequel on pourra
Toute playe guairir que la bale fera,
Et les hommes remettre en leur santé premiere.

Pierre Enoc.
Virtus Phœnici similis.


[sig. A8v] Sonnet av Seignevr de Morence et de Lyserable.

L’enfer, & tous malheurs, huchez par Tisiphone,
Contre le genre humain voulurent s’assembler,
Tout execrable exces vint ce Moyne endiabler,
Quand la poudre il trouua qui contre le ciel tonne.
Siecles plus que peruers n’est-ce assez, que Bellone
Sous tant de fers meurtriers vienne tout accabler,
Sans que la terre encor’ pour nos morts redoubler,
Vne foudre seconde & plus grieue nous donne?
Or le ciel fait piteux de voir tant de trepas,
Ce nouueau Esculape a enuoyé çà bas
Dv Chesne, l’ornement & secours de nostre áge:
Qui s’opposant aux maux que ce malheureux fit,
Monstre qu’il est donné pour le commun proffit,
Comme l’autre nascquit du monde le dommage.

Bvttet.


[sig. A9r] Sonnet a Monsievr Dv Chesne, Baron et Seigneur de Morencé & Lyserable.

Ie serois trop ingrat à la posterité,
A ceux de nostre temps, à ta memoire saincte,
A Dieu qui t’a doué d’vne vertu non saincte,
Se mes vers ne chantoyent le los qu’as merité.
Nourisson des neuf sœurs, tu as precipité
Le superbe ignorant, & donné telle atteincte
A son chef oruguilleux, qu’il a senty la poincte
De tes sacrez escrits dignes d’eternité.
Encor’ tu n’es content d’auoir fait ce grand bien,
Par ton liure premier à tant de gens de bien,
Leur monstrant de fuir, ce qui plus les affole:
Veu que par cest escrit qui ne pourra perir,
Tu leur donnes moyen d’eux-mesmes se guairir,
Des coups qu lon reçoit d’harquebuze ou pistole.

F. Marchant P. Valet de chambre du Roy.


[sig. A9v] In eximii D[octoris] Medici D[omini] Iosephi Qvercetani Sclopetarivm.

Jn prauas, spretâ, cùm labes, numinis irâ,
Se mortale genus laxis immersit habenis,
Armipotens, scelerum vindex, iustissimus vnus,
Igniuomas rutilo nubes fabricatus olympo,
Torsit in indomitas ardentia fulmina terras.
At magis exarsit sceleris vesana libido,
Jnuisum cœlo & terris, è faucibus Orci,
Verticis obrasi monstrum dum excîtur, opacis:
Orbis dira lues, nostriq́ue infamia sæcli.
Hoc noua nanque nouo cuduntur fulmina fabri,
Et stygia erumpunt stygio documenta magistro,
Qualia, Auernalis pandens mysteria templi,
Torna Hecate dederat, monstroso inclusa cucullo:
Lurida cùm pariter, permixto sulphura nitro,
Tisiphone adiunxit, flammasq́ue operasq́ue ministras.
Flammiferæ hinc tetro torquentur fulmine glandes,
Glandiferæq́ue fremunt horrendo murmure flammæ,
Vt reboenit campi, montesq́ue, & magnus olympus.
Mox rapidum latas insert se virus in oras,
[sig. A10r] Quod quatit (heu furiale malum) tot fortia bello
Corpora, tot tetro raptim vlcere pascitur artus:
Crescente vt culpâ, crescat quoque parentis
Jdem habet, atque hominum casus moderatur acerbos.
Mutua nam postquam iurasse in funera Celtas,
Acriùs & rigidos funesta vtrinque parare
Arma videt, ferrumq́ue atrox glandesq́ue micantes
Jgne venenato, per mutua visceratortas,
Attamen humanæ, facilisq́ue bonusq́ue misertus
Sortis, opem pressis tandem mortalibus affert,
Aptaq́ue depromit reseratis pharmaca theics,
Non audita aut visa priùs: quæ tradidit vni
Quercetane tibi, vt morbosq́ue luesq́ue leuares,
Quas ferro flammisq́ue, parens fœcunda malorum,
Orbe parit toto duri sæuitia Martis.
Sic, tibi glandifera à quercu, certo omine nomen
Nascenti vt cessit, diris quoque glandibus istis,
Sulphureo tinxit quas Tartarus ipse veneno,
Sydere felici cessit tibi munus vt obstes,
Atque alias hinc mille lues, passim vlcere sæuo
Grassantes, tu mille modis, tu mille medelis,
Alter ἀλεξίκακος tollas, alterve Machaon.

Cl. Tex. M.


[sig. A10v] Iosepho Qvercetano medico excellenti, et optime de Patria merito merentiq[ve].

Ob civeis servatos.

Ob conseruatos insigni hoc munere ciueis,
Quercetane tibi querna corona datur.

Franc[iscvs] Hotomanvs ivrisc[onsvltvs] posvi.