Letters/Guillaume d'Ancel to Jacques Bongars, 1592-08-08

From Theatrum Paracelsicum

Nr. 55

Text

Monsieur, Cest a la vostre du XVIIIe du passé que ie respons. Elle contient tant de piteuses nouuelles des affaires de France, que ie crain d’ouyr bien tost quelque plus grand desastre. Le panure Mr du Fay a pris une bonne resolution de se laisser mourir plustost que de noir la mort de sa mere, ingrate neantmoins enuers luy. Je uoudrois certes estre en sa place, puisque me ne nouiez point marier. Si nous adiouttez a tout ce que dessus la trahison et vendition de Vienne en Dauphiné faite par Maugyron qui est ce qui ne creueroit! Si cela est fait en Francois, Je reny la France.

Ou dit que Sisack a este liuré ans Turcs puis nagueres a marché tout semblable. Ils sont maintenant bien auant du costé de deca. Encores se moquent ils disans uouloir estre bons voisins et amys et n’auoir fait ces entrepises ne pour la pitié quils auoient que les places fussent si mal pourueuës. LEmpereur ne sen veut pas mocquer, Il fait sonner la sourdine par tout. Les forces s’assemblent en Austriche, Tyrol, Morauie, Slesie, a Saltzbourg, et Passau. Sa Majeste Imperiale aura une belle armée. Le Pape y contribue soixante mille escus comme rapporte le courrier qui est venu de Rome. Le Duc de Bauiere se monstre un peu froid. Il a trop daffaires pour ajder son frere a Cologne et son neveu a Strasbourg. Il pense que la petite offre quil fait de 20 mille tallers a sa Majesté n’amendera le fait du Lorrain. Je ne me soucye de tout cela pourueu que ces meschans Turcs ne soient point cause de quelque Diete Imperiale ou ie crain que nous neussions tout credit que nous meritons. Hornstein est sur le point de partir pour aller en Brandebourg. Possible quil en parlera. Je croy quon le fait attendre seulement iusques a ce que les Lorrains ayent en audience.

LEmpereur a esté renfermé quelques iours de ceste semaine. Cestoit plus par humeur que pour maladie. Il se porte bien Son frere lArchiduc Erneste partyt mercredi de Vienne et sera icy lundy. Il amene auec soy les principaus de Hongrie et dAustriche pour resoudre sur le fait de la guerre contre les Turcs. Cela nempesche pas quil ne vienne icy des capitaines et soldats laissants la Hongrie pour aller seruir Espagne sous Pernestan. On dit que la Ligue doit enuoyer icy un Agent. Ce sera bien pour men chasser a ce coup. Le diable les emporte quils n’y ont enuoyé il y a six ans.

Je nous enuoye une petite lettre de Mr. Barnaud. Jen ay receu une de Monsieur de lEcluse auquel ie nay loisir de respondre. Je nous prie mexcuser enuers luy lasseuraut neantmoins que ce quil desire sera fait Quant vous dites que votre eloquence n'a point de lecythes Jenten quelle na pas tel lieu que nous voudriez pour moy. Patience. ,Je ne laisseray de me consoler par souhaits que ie fay destre continué aus bonnes graces de Madame de Fresnes et de Madamoiselle de Challonges, Auxquelles le coeur me dit que ie baiseray un iour les mains en presence comme desprit ie le fay très humblement sans rien deroger a ce que ie vous doy Monsieur, qui est de me reclamer perpetuellement

De Prague le VIIIe Aoust 1592 Vostre obeissant et seruiable G. A.

Il y aura cy enclos une petite lettre a Monsieur le Duc de Bouillon que ie nous recommande, baisant les mains a Mr. de Ste Catherine.